Un nouvel article qui n’est pas de ma plume, sur l’anamnese ou l’histoire du patient par Noémie.
Connaissez vous Noémie Psychomotricienne sur Instagram ? Elle est la première qui a été interviewée pour le blog Miss Psychomot, l’episode pilot de la série des interviews :
https://www.misspsychomot.com/2018/12/20/jai-interviewe-noemie-la-psychomotricienne/
Lors de sa participation a l’ #instantpsychomot sur le thème du bilan psychomoteur, j’ai trouvé son texte pertinent et lui ai demandé l’aurorisation de le retransmettre sur le blog. Elle a accepté et l’a amélioré.
Le voici :
L’anamnèse : premier contact avec notre patient (et sa famille)
Bilan cotés ou d’observations: les psychomotriciens font encore preuve d’adaptation et généralement vous propose un bilan sous ses deux regards.
Plusieurs bilans étalonnés sont possibles en psychomotricité mais pour ma part j’aime beaucoup jongler entre différentes épreuves et différents bilans. Du coup, j’aime m’approprier les bilans. En faire quelque chose d’adapté à la demande.
Cela prend du temps mais généralement, en fonction de la demande je prends plaisir à retravailler ma trame de bilan, d’enlever certains exercices pour en proposer d’autres. Tout rentre en compte pour cela : l’âge de mes patients, la demande, l’indication psychomotrice, les difficultés connues de mon patient mais aussi souvent en fonction du premier contact qu’il y a eu lors de l’entretien préalable. Mon bilan est donc à la fois coté et d’observation.
En EHPAD (maison de retraite), cela est bien sûr plus compliqué. En effet, l’EGP (examen géronto-psychomoteur) ne peut se faire qu’avec des résidents qui ont une certaine autonomie. Alors je fais souvent dans ce contexte des bilans d’observations.
C’est à ce moment-là que l’entretien est primordial et qu’avec nos résidents âgés qui sont parfois sur la réserve, le lien est primordial pour pouvoir travailler et pour qu’ils se sentent assez en sécurité pour se lancer dans notre relation puis dans le bilan.
Peu importe le bilan demandé, le bilan proposé, le bilan adapté qui change souvent, ce qui ne change pas c’est cet entretien préalable, premier contact avec le patient et ses parents.
Après le coup de téléphone ou le mail, permettant de planifier les dates et les modalités de ses rendez-vous, l’entretien préalable ou anamnèse est le premier instant d’échanges qui nous permettent souvent de créer ce lien thérapeutique si important dans nos prises en charge. Ce moment parfois délicat où les parents viennent à se livrer sur leurs difficultés et celles de leur enfant ou même les patients eux-mêmes viennent déposer des éléments compliqués.
Il faut y aller avec des pincettes par moment et abandonner notre zone de confort pour s’adapter à celles de nos patients et de leur famille. Sans cela, nous pourrions passer à côté d’éléments importants à la compréhension de leur problématique.
Il ne faut pas pour autant les braquer, ni les forcer à nous raconter des éléments trop personnels. Cela doit venir d’eux, subtilement. Parfois, ces éléments que nous aurions voulu connaître arrivent lors de la prise en charge, en plein milieu du suivi.
Ce n’est pas grave, ce n’est pas parce que vous ne les aviez pas assez mis en confiance lors de votre première rencontre, c’est qu’ils avaient besoin de temps et que ce n’était pas le bon moment.
Quelle trame pour une anamnèse complète ?
Ma trame de questions est toujours la même, mais parfois il me semble important d’aller plus loin dans certains points et c’est là qu’il faut savoir le mener à bien, sans braquer personne…
Pour cela, je trouve important d’avoir des questions plutôt ouvertes sur différents points, permettant ainsi d’être vague dans nos questionnements et d’aller de plus en plus précis en fonction de ce qu’amènent vos patients.
Pour ma part j’aime aborder ces différents points :
- les différentes dates (celle du jour de l’entretien, celle de leur naissance, d’autres dates clés),
- la composition de la famille (qui avec le patient ?),
- tout ce qui concerne la grossesse, l’accouchement, l’alimentation, le sommeil, l’acquisition de la propreté, les différents stades d’acquisition motrices, le langage, l’autonomie, les jeux, la première séparation avec les parents, la scolarité, les autres prises en charge, des antécédents médicaux importants, des activités physiques, corporelles ou artistiques, le parcours de vie…
Dans ces moments, je trouve aussi important de demander au patient l’image qu’il a de son corps, s’il peut se décrire… Cela en dit parfois long sur eux !
Et la dynamique familiale dans tout ça ?
En parallèle de tout cela, il est important de noter la dynamique familiale :
- Qui prend le plus ma parole ?
- Le patient peut-il s’exprimer librement?
- Le patient est-il avec nous ou préfère-t-il explorer la salle?
- La famille lui coupent-ils la parole?
- Le patient peut-il se détacher de sa famille?
- Le patient peut-il répondre aux questions qui lui sont posées directement ou a-t-il besoin du soutien de ses proches ?
- Quelles sont les émotions liées aux différentes questions ?
- Quels sont les regards échangés ?
- Y-a-t’il du contact entre les personnes présentes ?
Nous pouvons aussi noter tout ce qui peut nous faire réagir, si nous devons intervenir ou pas ?
Mais au travers de ces questions, je pense qu’on peut aussi annoter ce que leurs réponses, leurs interactions nous fait vivre. Dans notre place de thérapeute, nous devons aussi faire attention à tout ce que cet échange peut nous faire vivre : doute, empathie, colère, antipathie, culpabilité, résonnance dans notre histoire personnelle. Cela nous permet ainsi de prendre plus de recul sur ce qui s’est passé dans cet entretien.
L’anamnèse, un réel moment de partage.
L’anamnèse, plus il est riche, plus il nous permet de connaître le contexte dans lequel grandit l’enfant et parfois avoir des réponses à nos questions.
J’aime beaucoup ce moment de partage et d’échanges. Puis après, je propose toujours un temps en individuel avec l’enfant pour faire connaissance sans ses parents. C’est à ce moment que je lui propose le dessin du bonhomme et un jeu de construction (généralement les KAPLA) pour que leur langue se délie et qu’il puisse se livrer à sa façon.
Le bilan qui suivra dans les séances suivantes sera en lien direct avec la passation de l’anamnèse. Mais le lien créé sera d’une importance capitale pour mettre en confiance le patient lors des épreuves où il sera en difficulté.
Bref l’anamnèse ou l’entretien préalable, est le premier contact avec notre patient et la première étape du bilan psychomoteur.
Noémie LALONDE, Psychomotricienne
- noemie.psychomotricienne sur Instagram
- lalonde.psychomotricienne@gmail.com
Document écrit dans le cadre des #instantpsychomot sur instagram suite au thème du bilan psychomoteur – le 27 février 2019.
Je le répète souvent mais j’aime beaucoup diffuser les textes d’autres psychomot. C’est un plaisir et honneur d’être votre média.
Merci de faire savoir à Noémie si vous aussi avez apprécié son article par un petit commentaire ici ou sur son instagram sous sa publication originale par exemple :
https://www.instagram.com/p/Bubyo-Zg_5y/?utm_source=ig_share_sheet&igshid=l1y96ba2qebp
Encore merci, et à bientôt pour un nouvel article !
2 réponses
merci pour cette mise en lumière de l’anamnèse et du premier entretien.
Avec plaisir 🙂