Après deux articles consacrés aux poop shaming a lire ici et ici, ma reflexion autour de la honte et de la gene autour du besoin d’élimination se poursuit. Aujourd’hui, ma réflexion s’arrête au sujet qui n’est pas, jamais ou rarement, évoqué sur Instagram (car c’est le seul réseau social que je suis). Oui, je parle de la continence des enfants des personnes qui ont un compte Instagram dans lequel est évoqué plusieurs sujets autour de la parentalité et qui y partagent leur expérience de vie.
Alimentation, sommeil, allaitement, sevrage, motricité libre, marche, langage, autonomie, bain libre, langue des signes, DME, lavage de nez … c’est Ok de publier en story ou en post permanent l’évolution des enfants. C’est parfois inspirant.
Publier des photos de couches lavables ou jetable catégorie écolo (j’ai rarement vu Pampers en partenariat 😆), avec son bébé, c’est Ok.
Mais ensuite, mystère et boule de gomme !
Ils sont continents. Pas de retour d’expérience. Non non, le sujet ne sera pas évoqué car trop intime … de ?
- Dire qu’on a commencé à introduire le pot à tel âge ? Attention aux commentaires « trop tôt » ou « trop tard » , « tu es sûre que ton enfant était prêt ? »
- Dire comment on a fait ? Attention aux jugements « Pas de félicitations », « Pas de renforçateur positif », « Moi j’aurai pas fais comme ça », « Tu te fâches ? »*
- Présenter le matériel qu’on a utilisé ? Attention aux idées toute faites « C’est un placement de produit ? » (je rigole mais je n’ai jamais vu ça), « Pourquoi ce pot et pas celui là, ce réducteur, ce marche pied … »
- Raconter les galères durant le processus ? Oui car c’est un processus avec des hauts et des bas et NON une acquisition qui se fait SANS accompagnement et investissement familial (certain parleront d’éducation et d’autre d’apprentissage et c’est le cas)
- D’annoncer officiellement : « Mon enfant ne porte plus de couche depuis qu’il a x ans » et réaliser qu’en fait, il y a encore quelques « accidents » ou qu’en réalité, la nuit s’accompagne de couche ?
Voilà comment on entretien le mythe du DÉCLIC.
Comment on fait croire aux jeunes parents que la continence vient toute seule. Du jour au lendemain. Quand l’enfant est prêt. Que tout se passera bien. Qu’avec un livre pour enfant (et non pour un lecteur adulte), l’enfant comprendra comment fonctionne son corps … et maîtrisera sa continence pour l’entrée à l’école maternelle.
Les raccourcis dans cet articles sont exagérément volontaires … histoire de provoquer un DELIC.
Un déclic pour réaliser que le besoin d’élimination est un sujet TABOU jusque dans les comptes Insta préférés.
Je ne dis pas qu’il FAUT en parler et raconter nos expériences de vie personnelle.
JE ME QUESTIONNE tout simplement.
En tant que psychomotricienne, je ne sais pas toujours où placer le curseur entre prévention via des posts informatifs et partage éventuel d’expérience qu’il ne faudrait pas prendre, pour le coup, comme modèle comparatif dans l’absolu.
Le blog ou insta ne sont pas des lieux de consultation, certes, mais ils restent des lieux assimilés à une « salle de cours » ou « conférence informative » je ne sais pas 🤷♀️ . Bref. Là où derrière notre personnalité, il y a toujours la déontologie mais aussi le risque (croissant) d’être mal interprété par des lecteur.ices anonyme ou non.
Ma question … ou plutôt mon cheminement est :
Le sujet de la continence en autonomie est tabou mais pendant combien de temps encore ?
Avec des comptes qui parlent de plus en plus d’hygiène naturelle infantile, peut être aura t’on une tendance inverse ? C’est à dire, celle de présenter la continence comme un processus vivant (oui oui) avec des hauts, des bas, des changements, des emotions* diverses et variées !
*Par rapport aux émotions qui vous traversent durant la phase où vous êtes « active » dans la proposition du pot, si vous ressentez colere, deception etc, il est possible de creuser cette émotion pour la comprendre et accompagner au mieux, c’est à dire sereinement, le processus de la continence en autonomie. Cela nécessite parfois de comprendre et connaître les fondamentaux pour accompagner votre enfant avec toutes les connaissances nécessaires. Je rappelle que toutes vos émotions sont légitimes, que cela soit de la fierté ou de la déception.