La semaine dernière, je vous ai présenté Manon du compte @Histoires2Psychomots au pluriel, c’est le détail qui compte, aujourd’hui c’est au tour de Prune sa binôme sur Instagram de répondre aux questions de l’interview !
Si vous n’avez pas eu l’occasion de lire le portrait de sa collègue Manon, je vous remet le lien ici :
https://www.misspsychomot.com/2019/06/17/jai-interviewe-manon-de-histoires2psychomots/
Prune a eu besoin de temps pour savoir que psychomotricienne allait être le métier qu’elle a toujours voulu faire. Déterminée, elle a tenté plusieurs fois les concours pour entrer en école de Psychomotricité !
Comme si cela ne suffisait pas, elle doit créer son poste au sein de l’institution dans laquelle elle exerce. Comprendre par cela : faire valoir l’utilité de la psychomotricité dans un lieu qui n’en a jamais eu (besoin ?). Impossible de ne pas me reconnaître, comme elle, j’ai été la première psychomotricienne (étudiante alternante en plus) dans la maison de retraite dans laquelle je travaille (bien que je sois actuellement en congé parental).
Je vous invite à découvrir le portrait de Prune sans plus attendre :
Parles moi de toi, qui es tu ?
Je m’appelle Prune, j’ai 28 ans et je suis psychomotricienne depuis juillet 2018 donc bientôt 1 an déjà maintenant. Je suis également sur instagram avec mon amie et collègue Manon sous le pseudo de histoires2psychomot.
Quel est ton parcours ?
J’ai un parcours assez atypique ! Pour le résumer je dirais que j’ai pris mon temps pour me trouver et pour savoir ce que je voulais réellement faire.
J’ai d’abord redoublé ma seconde puis j’ai passé un baccalauréat littéraire option histoire des arts donc pas vraiment en lien avec la psychomotricité ! Je ne suis pas partie avec des points d’avance puisque je ne suis pas du tout branchée mathématiques et la biologie n’a jamais été mon meilleur allié.
Une fois le bac réussi de justesse aux rattrapages, je me suis dirigée vers des études de psychologie car c’est le métier de psychologue que je voulais faire depuis très longtemps. Et la fac a eu raison de moi, je n’avais pas la maturité nécessaire pour tenir pendant les cours.
C’est au bout de deux ans que j’ai entendu parler de la psychomotricité. Je me suis renseignée et l’idée d’un métier ou l’on peut utiliser le corps et la psychologie m’a vite intéressé. Le fait d’allier ces deux facteurs m’a paru complet au niveau de la relation.
Je me suis alors lancée, j’ai dû rattraper tout mon retard au niveau de la biologie, j’ai passé trois fois le concours avec trois prépa différentes. Au bout de la troisième fois, je me suis dis que c’était la dernière tout en me disant au fond que je ne me voyais pas rater et finalement c’est à Lille que je l’ai réussi ce fameux concours !
C’est d’ailleurs dans cette école que j’ai rencontré Manon.
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Ou et avec qui exerces tu actuellement ?
J’exerce actuellement dans un centre de rééducation fonctionnelle chez des patients adultes cérébro- lésés depuis le mois de janvier 2019 à Chalon sur Saône. Je travaille au sein d’une équipe pluridisciplinaire qui se compose d’orthophonistes, de psychologues, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, d’assistantes sociales, de diététiciens, de neuropsychologues, d’infirmiers, d’aides-soignants et bien-sûr de médecins.
La particularité c’est que c’est une création de poste. Donc tout à créer au sein de l’établissement.
Comment organises tu ta semaine de travail ?
J’ai l’avantage de pouvoir gérer mon emploi du temps comme j’en ai envie, je suis très autonome, c’est un vrai atout ! Je vois généralement les patients plusieurs fois par semaine en fonction de leur pathologie et de la place que j’ai dans mon emploi du temps. Le but est de les stimuler et les aider le plus possible car ils sont au centre pour une durée de seulement 1 mois, reconductible en fonction de leur évolution. En fonction des prescriptions des médecins, je prépare mon emploi du temps tous les vendredis pour la semaine d’après.
Le matin je prends généralement les patients en hôpital de jour et l’après-midi les patients en neurologie en hospitalisation complète.
Bientôt un service EVC-EPR va bientôt ouvrir ses portes, je pense que je prendrais ces patients sur une journée de la semaine.
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Quelles sont tes loisirs ? T’en inspires tu durant les séances de psychomot ?
Je fais de l’équitation depuis quelques années. Je ne peux pas vraiment m’en inspirer mais il peut m’arriver de venir à en parler avec des patients qui ont pratiqué cette activité. Je fait également du sport dans une salle et j’aime beaucoup voir mes amis. Les échanges sont très importants pour moi et je pense que c’est aussi pour ça que j’ai choisi ce métier : l’intérêt des échanges aussi variés les uns que les autres.
Que préfères tu dans ton travail ?
La diversité des rencontres.
Les patients que je rencontre viennent de milieux complètement différents. La richesse des rencontres me permets d’apprendre à la fois sur les gens dans leur individualité et sur moi-même. Finalement je découvre le fonctionnement humain en général.
Peux tu nous confier sur ce que tu aimes moins dans ton travail ?
La difficulté parfois de communiquer avec les autres professionnels. Il peut nous arriver de rencontrer des situations complexes et s’il n’y a pas suffisamment de dialogue, la situation peut s’avérer difficile à gérer et ce sont les patients qui en ressentent le côté négatif.
Certaines pathologies ou problématiques sont aussi parfois difficiles à gérer, de par la douleur ou la souffrance que cela engendre sur les patients. Certains jours sont compliqués émotionnellement, et là il y a une réelle importance d’avoir une équipe avec qui échanger. Cela m’aide à prendre du recul.
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Quelles sont les difficultés que tu rencontres ?
La plus grosse difficulté est à mon sens la reconnaissance du métier. C’est une profession qui est encore trop méconnu. Certaines peuvent avoir de fausses croyances comme par exemple, l’impression que l’on marche sur leur profession, que l’on fait des choses similaires. Certes, certains métiers ont une frontière très mince au niveau des prises en charge mais l’objectif n’est pas du tout le même.
Je ressens au quotidien le sentiment de devoir prouver que je mérite ma place, cela peut être parfois fatiguant et démoralisant.
Concernant les patients, la souffrance est parfois difficile à gérer. Quand je vois un(e) patient(e) qui se met à pleurer, je peux me sentir démunie et en difficulté. Je ne peux pas me mettre à leur place et ressentir leur souffrance même si j’essaye de les soutenir et de leur redonner confiance. Je ne me sens parfois pas légitime.
Comment y remédier si possible ?
Continuer à montrer que c’est une profession à part entière, qu’elle a toute sa place au sein d’une équipe pluridisciplinaire et qu’il n’y a pas de concurrence avec qui que ce soit, il y a de la place pour tout le monde.
Récemment une mutuelle hospitalière m’a demandé d’écrire un article sur la psychomotricité chez des patients adultes. Même si une seule personne le lit, ce sera une personne de plus qui découvrira ce métier et qui pourra par la suite et si ça l’intéresse se renseigner sur cette profession et échanger par la suite. Même si cela prend du temps, cela vaut le coup.
Quelles sont les qualités que tu estimes nécessaires pour être un super psychomot ?
L’écoute, le respect, l’empathie et surtout le fait de rester humble face à n’importe quelle personne. La vie et ses difficultés sont là pour nous remettre à notre place et nous faire comprendre que sans échanges, nous somme finalement seuls. D’ou l’importance d’établir des liens, quels qu’ils soient pour évoluer et apprendre à la fois sur soi et sur les autres.
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Comment envisages tu le métier d’ici quelques années ?
Mieux reconnu ! J’espère vraiment que ce métier aura une place à part entière et que l’on aura plus cette impression de devoir faire ces preuves.
Je me plais à imaginer un avenir plus que prometteur pour la psychomotricité avec la créations de nouveaux IFP (Institut de Formation de Psychomotriciens). L’impact sera plus important et la psychomotricité pourra enfin prendre sa place à part entière.
Quels sont les impacts de la psychomotricité sur ta vie ?
Cela m’a permis de mûrir avec les expériences que j’ai pu vivre au cours de mes stages ou actuellement au sein de ma profession.
Découvrir mes propres limites et surtout les respecter, ne pas forcer les choses car cela se ressentira au sein de la séances, ce sera moins authentique.
Le rapport au corps est également différent. Les pratiques pendant nos trois années d’école nous ont permis de découvrir un dialogue corporel. De finalement parfois moins écouter le côté verbal et de plus affiner le côté gestuelle. Beaucoup de choses peuvent émerger de nos attitudes, mimiques, gestuelles etc, c’est ce qui rend encore plus riche l’échange.
Ce côté là a eu également un impact au niveau personnel et familial. Je fais plus attention aux réactions corporelles et finalement j’arrive à apprendre beaucoup de choses rien qu’en observant.
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Raconte moi un de tes plus beaux moments comme psychomot ?
Il y en a beaucoup qui sont tous différents car uniques. Mais je pense particulièrement à un stage que j’ai effectué en néonatalogie en soins intensifs. J’ai passé beaucoup de temps dans ce service à observer ces nouveaux-nés, les découvrir et voir comment ils réagissaient face aux difficultés de la prématurité. C’est vraiment lors de ce stage que je me suis retrouvée face à moi-même et que j’ai ressenti cette valeur d’humilité.
Observer la magie du peau-à-peau et découvrir les effets plan physiologique, c’est spectaculaire.
Si fragiles, ce sont finalement de vrais combattants face aux difficultés de la vie. Le courage de ces nouveaux-nés ainsi que de leur parents m’a vraiment touché.
Enfin, comment as tu découvert MissPsychomot ? Qu’est ce que tu apprécies le plus sur le blog ou sur Instagram ?
Sur instagram. Les articles permettent d’approfondir nos connaissances sur des thèmes ou des rubriques et de pousser la réflexion plus loin. MissPsychomot permet également de réunir des personnes complètement différentes autour d’un même métier et je dirais même d’une passion. Sans instagram, Manon ou moi serions encore probablement dans nos interrogations quant à certains sujets ! C’est une vraie richesse.
Pour retrouver Prune sur Instagram c’est par ici chez @histoires2psychomots !!
Avec cette dernière interview du mois de juin, je clôture la série pour cette saison, elle redémarrera à la rentrée 2019 avec de nouveaux portraits ! Mais avant cette pause estivale, je vous réserve une interview bonus pour lundi prochain.