Aujourd’hui, il s’agit de Marie, une camarade de ma promo lors de nos études de psychomotricité à l’ISRP de Paris qui va partager son parcours et sa vision du métier.
Egalement en reconversion professionnelle, elle était infirmière quand elle a découvert le métier de psychomotricienne.
Elle ne se souvient peut être pas, mais elle fut une des premières rencontres durant mes études. On était à côté lors de la rentrée. Je retiens de Marie qu’elle est une étudiante modeste, souriante et très investie et lui souhaite une belle carrière !
PRÉSENTATION
NOM : Favre
PRÉNOM : Marie
Parles moi de toi, qui es tu ?
Je m’appelle Marie et j’ai 30 ans. Je suis psychomotricienne depuis maintenant 3 ans.
Quel est ton parcours ?
Ma rencontre avec la psychomotricité n’a pas été immédiate car je ne connaissais pas cette profession.
J’ai passé un bac ES avec dans ma tête : vouloir « prendre soin des autres ».
Après une année de préparation au concours, j’ai été pendant 3 ans et demi en école d’infirmière. Malgré plusieurs stages et différents terrains, je n’ai pas rencontré (ou alors trop rapidement) de psychomotricien.
Diplôme d’infirmer en poche, j’ai travaillé rapidement en chirurgie mais la technicité des soins et le manque de relationnel ne me correspondaient pas. Je me suis beaucoup cherchée et interrogée…
J’ai travaillé en soins palliatifs pendant environ 2 ans et demi. Ce service venait d’ouvrir et les médecins ni les équipes n’étaient formés à cette approche. En tant qu’infirmière, j’ai vu tout le sens d’accompagner les personnes et leurs familles de la manière la plus adaptée possible. Dès que je pouvais (comprenez : dès que j’avais le temps, chose assez rare), je pouvais proposer un temps relationnel ou de toucher-massage. J’en voyais tous les bénéfices sur le plan physique et bien évidemment psychologique.
C’est l’approche non médicamenteuse qui faisait sens pour moi. Vivre jusqu’au bout de la vie….
J’ai vu le fossé s’installer avec certains professionnels (et la hiérarchie) qui ne voyaient que par la technicité et être dans le « faire ».
C’est alors que j’ai lu « psychomotricité et soins palliatifs » de Marc Guiose et Odile Gaucher-Hammoudi… BINGO, mais en fait c’est ça !!!!!!!!!!!!!
Grande remise en question et virage à 360°, allez c’est reparti pour 3 ans d’études 😊
Ayant un diplôme paramédical, j’ai donc passé 2 entretiens sur les 2 écoles à Paris (ISRP et la Salpêtrière) en candidat libre (« article 25 »). J’ai été reçu à l’ISRP de Paris et fait mes études en alternance.
https://www.misspsychomot.com/2019/03/06/jai-ete-article-25/
Ou et avec qui exerces tu actuellement ?
Je suis en plein changement en ce moment car plein de nouveaux projets se présentent à moi mais je n’ai pas encore assez de recul pour en parler. Je vais du coup plus aborder ce que j’ai pu faire depuis mon diplôme 😉
Ce fameux diplôme en poche, j’ai travaillé en SSR puis en HAD-R dans le 77 (Hospitalisation à domicile de rééducation) auprès d’adultes avec différentes pathologies (AVC, neurodégénératives, amputations, syndrome post-chute, douloureux chroniques…)
L’HAD-R a une capacité d’accueil de 90 patients répartis sur tout le 77. Vaste territoire, ce qui fait que nous sommes répartis en « sous-secteur » au nombre de 3 : nord, centre, sud. Ainsi, il y a dans chaque secteur une équipe pluridisciplinaire comprenant : un coordonnateur, des kinésithérapeutes, ergothérapeutes, neuropsychologue, APA. Il y a également des infirmiers et aides-soignants, une assistante sociale ainsi qu’un médecin qui est sur les 3 secteurs. Nous étions donc une psychomotricienne par secteur.
Comment organises-tu ta semaine de travail ?
L’HAD-R demande une organisation peut être différente des institutions car nous sommes toute la journée sur les routes. Les temps de pauses (y compris pipi) doivent être bien réfléchis 😛
Cela demande une anticipation et une coordination avec tous les intervenants car chaque rééducateur planifie et prévient le patient de son horaire.
Le temps est donc réparti entre les séances au domicile, les temps sur la route (cela peut arriver de faire plus de 230km par jour), les temps de rédaction de bilans et les moments de coordinations et d’échange avec les professionnels.
Les séances donc sont plus individuels et doivent s’adapter au aléas du domicile avec un perpétuel cadre à installer et adapter sur l’instant présent.
Quelles sont tes loisirs ? T’en inspires tu durant les séances de psychomot ?
J’aime beaucoup la nature et les randonnés dans la forêt. Ce sont des moments ressourçant pour moi.
Je souhaite aussi me mettre plus assidûment à la méditation et faire du yoga.
Pour les séances, il m’est arrivée de m’inspirer de séances de méditation pour favoriser et renforcer la conscience corporelle
Même si ce n’est pas un loisir, j’ai aussi pu utiliser l’hypnose (j’ai suivi il y a maintenant un an une formation pour être praticienne en hypnose) pour certains résidents douloureux chroniques. Mais il me manque de la pratique 😉
Que préfères tu dans ton travail ?
Le relationnel et le partage.
Accompagner une personne et voir qu’elle exprime un mieux-être.
Quelles sont les qualités que tu estimes nécessaires pour être un super psychomot ?
Chacun à ses qualités et ses limites…
Je dirai tout de même :
Le savoir ETRE : nous sommes tellement dans une société qui prône l’action, la rentabilité, le faire sans forcément y mettre un sens. L’accompagnement de l’humain, d’une personne dans son unicité me semble important
Je rajouterai la bienveillance, l’empathie, une touche de créativité et une pincée de se remettre en question pour améliorer nos approches
Comment envisages tu le métier d’ici quelques années ?
Pour ma part, comme évoqué plus haut, je suis en plein changement. Je ne sais pas comment cela évoluera mais je pense de plus en plus au libéral notamment auprès des adultes. Je souhaite me former également en sophrologie pour compléter ma pratique et idéalement avoir un cabinet qui fonctionne bien 😊
Je pense toujours à la pratique de la psychomotricité en soins palliatifs mais les postes sont bien trop rares…
Pour finir, raconte moi un de tes plus beaux moments comme psychomot ?
Il est difficile de trouver juste un moment…
C’est peut-être un peu hors sujet mais un moment me vient en tête, celui où j’ai compris mon intérêt de me reconvertir lorsque j’étais infirmière :
Arrivée le matin dans le service de soins palliatifs pour les transmissions, on m’indique qu’une patiente présente dans le service depuis 2 semaines est très anxieuse depuis quelques jours. Elle ne dort plus malgré les anxiolytiques et les doses d’antidouleurs mis en place. Je me suis déjà occupée de Mme et me voila après la tournée de toilettes, des médicaments, des soins revenir à sa rencontre. Elle est dans son lit, les yeux grands ouverts, je lui propose si elle le souhaite un temps pour elle par l’intermédiaire du toucher-massage (nous avions eu une formation de quelques jours mais mon intérêt pour le toucher thérapeutique était déjà bien là !)
Mme accepte et me demande de commencer par le visage. Me voici lancée… Puis, au fur et à mesure, Mme lâche. Physiquement son corps se détend et bien évidemment les émotions aussi… Mme se met à pleurer et me dit : « mais avant de partir, je dois leur dire que je les aime… ».
Les ressentis s’expriment, les mots ont été lâchés. Mme n’a jamais pu dire ses sentiments à ses deux enfants et c’était le moment… Elle a pu leur dire et partir ensuite paisiblement.
C’est à ce moment-là que le lien corps-esprit a fait plus que résonner en moi. Je ne peux que remercier cette dame pour ce partage et ces moments qui m’ont aidée à grandir et cheminer dans ma pratique pour rencontrer la psychomotricité.
♥
Merci beaucoup Marie pour ce partage !
3 réponses
Bonjour, Marie
Puis je savoir comment tu as financé ta formation car je suis infirmière dans le privé et je souhaite me reconvertir et je suis en train de découvrir le métier de psychométricienne qui je pense peut me convenir bien plus que mon métier actuel.
Merci par avance
Bonjour,
Je vais essayer de faire transmettre le commentaire à Marie
En tout cas, elle et moi avons fait notre formation en même temps et l’avons fait en alternance les deux dernières années.
Bonjour, je viens seulement de voir le commentaire et m’excuse du retard de la réponse…
Effectivement, comme a pu le dire Rokiyah, en tant que paramédicale, nous pouvons passer en tant qu’article 25.
C’est à dire que nous passons un entretien de motivation avec un écrit afin de suivre la première année (pas de présence obligatoire ni de faire les examens avec les autres première année). Tous les examens sont en fin d’année…
Pour la 2ème et 3ème année, j’ai effectivement fait l’alternance 😉
Restant disponible pour tout question même si cela fait un peu tard !