J’avais hâte d’enrichir les interviews par des intervenants ayant travaillé auprès de psychomotricien(ne)s afin de connaître leur vision du métier.
Qui peut mieux expliquer le métier que des personnes qui ne sont pas psychomot malgré nos tentatives de rendre la plus clair possible la description de notre profession ?
Les professionnels ayant côtoyé et travaillé auprès de psychomot sont de parfaits exemples ! Leur regard est très intéressant puisqu’ils suivent les mêmes patients, mais la prise en charge diffère plus ou moins.
Entre similitudes et différences,
comment le psychomotricien peut il travailler en équipe sans perdre son identité ?
Aujourd’hui, Julie qui est psychologue, va partager son expérience.
- Présentation
Pour commencer, parles nous de toi, qui es tu ?
Je m’appelle Julie, je suis psychologue depuis une dizaine d’années maintenant.
Quel est ton parcours ?
Je suis spécialisée en gérontologie. J’ai un master de psychologie gérontologique. Je me suis également formée à l’hypnose médicale. J’ai travaillé pendant longtemps dans des EHPAD, communément appelées maison de retraite.
Où et avec qui exerces tu actuellement ?
Je travaille actuellement en réseau de santé sur le nord de la seine et marne. Ce réseau regroupe trois thématiques: gérontologie, oncologie et soins palliatifs. Le public est donc hétérogène au niveau des âges et des pathologies. Je travaille avec des infirmières, médecins et une assistante sociale ainsi que bien entendu un pôle administratif.
Comment as tu connu le métier de psychomotricien ?
Je l’ai connu sur mes lieux de stage en premier alors que j’étais en étude de psychologie. Puis sur mon premier poste, j’ai accueilli une élève psychomotricienne de première année pour son stage de gérontologie, et enfin sur un autre poste, j’ai accompagné une élève psychomotricienne de troisième année qui est ensuite devenue ma collègue 😉
Lors de quelles occasions as tu travaillé avec un(e) ou des Psychomotricien(ne)s ?
Pour des ateliers collectifs, des prises en charges communes, des problématiques de soins à résoudre. C’est un métier complémentaire du mien et très enrichissant. En EHPAD, le trio ergothérapeute/psychomotricien/psychologue est une vraie force de proposition pour l’accompagnement de nos aînés.
- Le travail en co thérapie
Peux tu nous raconter un ou deux exemples de prise en charge faite en commun ?
Nous avons animé ensemble le fameux « instant thé » , d’ailleurs il y avait également notre collègue ergo au début. Chacune avait ses objectifs de prise en charge mais les trois étaient complémentaires. Nous proposions d’autres accompagnements aux résidentes présentes que ce soit en groupe ou en individuel, ce qui nous permettait de partager nos regards, que la personne âgée se sente réellement accompagnée dans l’ensemble de ses facettes.
Comment se réparti alors votre travail entre toi et ton / ta collègue ?
Je pense qu’un bon binôme ou trinôme se répartit le travail naturellement. On travaille avec nos métiers mais aussi nos personnalités. Notre ergo de choc était une pro de la logistique et de l’organisation. On pouvait compter sur la psychomotricienne pour ses attentions, sa douceur et la proximité individuelle. Quand à moi, je pense avoir un goût pour l’accompagnement du groupe et amener une certaine dose d’humour et de spontanéité.
- La prise en charge individuelle séparément
C’est une question que peuvent se poser beaucoup de personnes, quand faut il s’orienter vers un psychologue plutôt que vers un psychomotricien ?
A mon sens, le travail avec le psychomotricien est pertinent lorsqu’on veut travailler la sphère corporelle et psychique. L’indication est bonne pour les personnes résistantes ou réfractaires ou même incapables d’élaborer verbalement. C’est pour cela que le psychomotricien est particulièrement indiqué pour les personnes âgées, les enfants ou bien les personnes handicapées. Le psychologue aidera à poser des mots sur des mouvements internes. Les deux travails sont réellement complémentaires.
Pour ce qui est de l’enfance, le psychologue peut réaliser tout ce qui est test d’efficience et orienter ensuite sur un psychomotricien pour travailler l’amélioration d’un état de bien être et trouver des aménagements face au diagnostic.
Et dans quel cas, orientes tu tes patients vers un psychomotricien ?
Pour les personnes âgées, j’aimais particulièrement orienter vers un psychomotricien dans le cas d’un syndrome post-chute ou d’un trouble du schéma corporel. Les angoisses sont également une bonne indication. Franchement, il y en a des tas!
Comment se répartissent alors vos objectifs thérapeutiques ?
Les objectifs se répartissent naturellement après discussion et concertation, en fonction du résident et de ce qu’on est. En général, je travaille la sphère cognitive et mentale. La psychomotricienne, la sphère corporelle et motrice. Et on cible toutes les deux la sphère émotionnelle. Ce qui bouge en séance chez la psychomot pourra être travaillé en séance avec la psychologue et inversement.
- La conception du métier
Comment imaginais tu le métier de psychomotricien ?
J’imaginais ça proche de la kinésithérapie, je pensais la sphère du corps plus prédominante.
Maintenant que tu as travaillé avec, comment définirais tu le métier ?
Et bien justement, un équilibre parfait entre corps et esprit. Et puis la notion de mouvement est essentielle en psychomotricité. Un mouvement qui peut-être aussi bien somatique que psychologique. On relie le tout aux sensations et à l’émotion, le psychomotricien balaie l’ensemble des sphères humaines selon moi.
Merci beaucoup pour ta participation et le temps accordé. Je suis certaine que ta contribution va éclairer la définition du métier.
Pour connaître l’origine du projet sur la série des interviews, voici le lien :
https://www.misspsychomot.com/2018/12/14/interview-inspirant/
Encore merci et à bientôt pour un nouvel interview, en espérant que d’autres regards vont appuyer la définition et la vision du métier 🙂
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